Nous avons reçu de Monsieur Thierry Demaizière l’appel à témoins suivant :
A l’occasion du 50 ème anniversaire des accords d’Evian, nous recherchons des témoignages de simples appelés qui accepteraient de raconter leur guerre d’Algérie pour la première fois et nous dire pourquoi ils se sont tus jusqu’à aujourd’hui.
Vous êtes restés muets durant un demi-siècle, il est temps d’entendre votre vérité.
Ces témoignages seront diffusés dans un documentaire sur France 2, réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai .
Vous pouvez nous écrire à cette adresse : Falabracks , 51 rue Saint Georges 75009 Paris ou thierrydemaiziere@gmail.com »
que nous avons placé en texte déroulant en page d’accueil.
Nous soutenons cette initiative et demandons à nos camarades de combat d’y répondre.
Cet appel à témoins était accompagné du texte suivant :
51, rue Saint -Georges Paris 9e
TROUFIONS
Un documentaire de Thierry Demaizière
et Alban Teurlai
Mais elles se taisent obstinément depuis 50 ans.
Un mutisme intime qui n’est pas une amnésie.
La mémoire de ce passé est cruellement précise,
elle est physique, visuelle, sonore, olfactive.
Si vivante qu’il est essentiel de la recueillir en collectant la parole enfouie des
vétérans de la guerre d’Algérie.
C’est la dernière mobilisation générale de l’Histoire de France. Au moment de cet appel aux citoyens français, ils sortent tout juste de leur adolescence. Jeunes appelés du contingent ou engagés volontaires, ils embarquent à Marseille pour une traversée à fond de cale de 24h à destination d’Alger ou d’Oran. L’année de leur vingtième anniversaire, ils sont précipités dans une abominable guerre qui ne dit pas encore son nom.
« Nous avions 20 ans, nous crapahutions sous le soleil qui brûle les Djebels, des Aurès, du Hodna, de Kabylie, de l’Ouarsenis et d’ailleurs, ou sous la pluie qui détrempe la chair. _ Nous étions sur des pitons, ou dans les sables du désert.
Nous avons grelotté de froid ou sué tout le sel de notre corps, et nous nous sommes repus de l’eau boueuse des oueds, tant la soif nous tenaillait. »
(extrait de la page d’accueil du site de l’amicale militaire en AFN)
Démobilisés avec la proclamation du cessez-le-feu, les combattants rentrent en métropole. Un retour funeste. Ils ne sont pas les héros glorieux d’une lutte qui a mené à l’indépendance d’un pays, ils sont les acteurs d’une sale guerre où exécutions, enlèvements, torture, viols faisaient partie de l’arsenal. Ils reviennent implacablement muets.
Culpabilité, pudeur, souffrance, honte, volonté d’oubli, refus de transmettre
la douleur en héritage ?
50 ans après leur retour sur le sol métropolitain, la commémoration des Accords d’Évian est l’occasion de susciter leur témoignage. La circonstance anniversaire de Mars 1962 appelle à faire remonter à la surface le souvenir refoulé de ces hommes et à délier leur parole.
Et si les interroger sur leur silence c’est aussi révéler ce par quoi ils sont passés, il ne s’agit pas d’éveiller une mémoire historique. Simplement une mémoire humaine.
Ils sont restés sans voix un demi-siècle, il est temps d’écouter et d’entendre ces vétérans qui arrivent au crépuscule de leur vie et dont les enfants n’ont pas connaissance de la période de la guerre par le récit de leurs pères.
Mettre leurs mots sur cette période sombre.
Offrir une trame orale et vivante aux historiens.
Voilà la vocation de ce film
consacré uniquement à la parole frontale :
Oser faire le film de leurs 20 ans.