Journal l’Humanité
Rubrique International
Article paru dans l’édition du 2 août 2006.
Raul Castro, l’homme de confiance
Le frère du numéro un cubain assure désormais l’intérim du pays.
Voilà déjà quelques années que les spéculations à l’extérieur de Cuba allaient bon train sur l’éventuel successeur, au pied levé ( ?), de Fidel Castro.
« Que les petits voisins du Nord ne s’inquiètent pas, je ne prétends pas exercer mes fonctions jusqu’à mes cent ans », a encore plaisanté le numéro un cubain, le 26 juillet dernier, à l’adresse des États-Unis.
Depuis lundi soir (heure cubaine), « le Barbudo » a confié les rênes du pays au premier vice-président du Conseil d’État, comme le prévoit et l’y autorise la Constitution cubaine, une fonction qu’occupe son frère cadet, Raul Castro.
Prenant le contre-pied des idées remâchées selon lesquelles le numéro deux du gouvernement ne ferait que pâle figure face au charisme de Fidel, Raul Castro, âgé de soixante-quinze ans, a une fine maîtrise des rouages de la grande île.
Deuxième secrétaire du Parti communiste cubain (PCC), dont il a épousé très jeune les idées et les valeurs, il est surtout connu pour être le ministre des Forces armées révolutionnaires (FAR) depuis 1959.
Ce portefeuille est en effet considéré comme primordial dans le dispositif cubain depuis la révolution face aux tentatives répétées, mais en échec, de déstabilisation du régime par les États-Unis.
Raul Castro est né le 3 juin 1931 à Biran.
Tout comme son frère, il a poursuivi ses études chez les jésuites bien qu’il s’émancipât relativement jeune de l’influence chrétienne.
Le 26 juillet 1953, il participe avec Fidel et un groupe de compañeros à l’assaut de la caserne de la Moncada, considéré comme le point de départ de la révolution. Cette tentative avortée n’en dessine pas moins les contours de la future épopée des guérilleros.
Emprisonné puis amnistié en 1955, il rejoint le Mexique pour préparer une nouvelle attaque.
Un an plus tard, il débarque sur l’île à bord du Granma, s’active dans la guérilla.
En 1959, il entre victorieux dans La Havane en compagnie de son frère et de ses compagnons.
Sa participation à la révolution, son rôle depuis lors dans l’exécutif cubain ont contribué à lui donner une stature d’homme de confiance du pays et de garant de sa stabilité.
L’intérim de Raul Castro intervient à l’heure où les États-Unis spéculent sur la chute de Fidel, en finançant à hauteur de 80 millions dollars les organisations réputées pour leur virulence anti castriste et la dissidence mafieuse basée à Miami.
Washington a prévu une rallonge de 20 millions de dollars annuels jusqu’à la chute du régime à un certain programme répondant au nom de « Cuba libre ».
Cathy Ceïbe