La rentrée est naturellement placée sous le signe du dernier débat budgétaire de la législature et de la veillée d’armes précédant les échéances électorales présidentielles et législatives en 2007. Au coeur de l’engagement du mouvement anciens combattants, l’activité pour un budget 2007 conforme à l’attente et aux intérêts des ACVG sera au premier plan.
Les trois revendications prioritaires (relèvement de la retraite du combattant à 48 points d’indice PMI, revalorisation du plafond de la rente mutualiste à hauteur de 130 points et création d’une Allocation différentielle de solidarité servie par l’ONAC aux veuves d’anciens combattants les plus démunies) demeurent posées.
A celles-ci, le ministre délégué aux Anciens Combattants, par son attitude provocatrice, a ajouté l’urgence d’une solution concertée et juste quant au bénéfice de la « campagne double » pour les retraites professionnelles des fonctionnaires, travailleurs de l’Etat et assimilés, anciens combattants en Afrique du Nord (1952-1962).
Ne nous faisons pas d’illusions quant à la bienveillance gouvernementale. Nous n’obtiendrons rien dans le budget 2007 que n’ayons contraint ceux qui nous gouvernent… à lâcher.
Un tel réalisme doit présider à l’orientation de notre action en tant qu’ARAC et au sein de l’UFAC, pour maintenir et amplifier l’action unie de tous les ACVG et de leurs associations auprès des parlementaires (députés et sénateurs), des préfets et sous-préfets (représentant le gouvernement) et des ministres concernés. Il s’agit, tout simplement, d’exiger et d’obtenir :
Un tel programme dépend certes de nos luttes, mais aussi du contexte de société dans lequel elles doivent trouver place. C’est pourquoi, sans négliger l’action revendicative budgétaire indispensable, nous ne pouvons nous passer de réagir à un environnement, voire contre un environnement, remettant en cause la mémoire, la démocratie, les valeurs républicaines issues de notre histoire et magnifiées par la Résistance, son Conseil national et le programme du CNR.
Lorsque les criminels de l’ex OAS et leurs émules fascisantes, s’appuyant sur l’infâme loi du 22 février 2005, prétendent occuper le haut du pavé, glorifier des assassins, souiller la Flamme et le tombeau du Soldat inconnu, effacer de la mémoire populaire leurs crimes et ceux du colonialisme, enterrer définitivement le 19 mars 1962, date de la fin de la guerre d’Algérie… nous ne pouvons demeurer l’arme au pied. Pas plus, d’ailleurs, qu’à l’annonce de la volonté de Marine Le Pen de confisquer les valeurs de la République dont elle voudrait parer le FN en 2007… à Valmy !
Lorsque Papon, condamné pour complicité de crimes de guerre nazis, est réintégré dans certains de ses droits par trois arrêts du Conseil d’État, alors que ce dernier rejette la quasi-totalité des recours déposés par les pensionnés ACVG,
Notre riposte est et doit être citoyenne, s’inscrivant dans les valeurs traditionnelles du mouvement populaire qui construisit la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Revendiquer, unir et agir au service des intérêts des ACVG et de l’intérêt national, non seulement quant aux exigences budgétaires immédiates, mais aussi au nécessaire rattrapage du retard de la valeur du point PMI, à la solidarité avec les « laissés-pour-compte » (victimes des psychotraumatismes de guerre, des irradiations des essais nucléaires français, de la guerre du Golfe) au service desquels l’ARAC organise un colloque à Marseille en novembre prochain. Et ce, sans oublier les militaires des missions extérieures, les OPEX, toujours en attente de la reconnaissance officielle et entière de leurs droits à réparation.
Parce qu’il n’y a pas de petites ou de grandes injustices, il ne peut exister de petites ou de grandes revendications. Et le droit à réparation, la dette de la Nation, la nécessaire reconnaissance de celle-ci envers les ACVG, sont indissociables du droit à la vie pour toutes et tous et à l’exercice de celle-ci dans tous les domaines du quotidien. Aujourd’hui, l’ancien combattant citoyen est, avec l’ARAC, un citoyen combattant mêlé aux luttes de tous les non combattants du quotidien pour la vie et le futur.
C’est en leur nom à tous que l’ARAC interpellera demain les candidats aux échéances électorales et les formations qui les soutiendront, quant aux exigences fondamentales et essentielles dont sont porteurs les citoyens que nous sommes. Alors, chacun d’eux devra prendre ses responsabilités devant l’histoire, devant la vie, face au futur… et les assumer. Comme nous avons toujours su le faire nous-mêmes et comme l’ARAC continuera de le faire demain.
André FILLERE