Le combat d’un siècle pour la paix, pour la vie
Ces jeunes hommes encore sous l’uniforme eurent l’idée de créer « une société de mutilés et d’aniciens combattants pour combattre la guerre capitaliste », l’expression est de Georges Bruyère. Ils décidèrent ensemble de s’adresser à Henri Barbusse, l’auteur célèbre du Feu, livre couronné l’année précédente par le prix Goncourt, pour lui demander de participer à leur entreprise. Ainsi fut fait.
Ces trois hommes n’étaient pas allés solliciter Henri Barbusse, qui était leur aîné de 20 ans, seulement parce qu’il avait écrit Le Feu. Paul Vaillant-Couturier devait ainsi le préciser : « Il était avec nous quand, au cours des semaines tragiques de mai 1917, tandis que le front se soulevait, nous heurtions vainement toutes les portes et nous retrouvions le soir, désespérés… Il était avec nous quand, après les exécutions sommaires qui avaient écrasé la Révolution de Champagne, nous décidions de fonder l’ARAC ».
Ces quatre hommes pourtant dissemblables, se complétaient admirablement. Ils exercèrent une grande influence sur les jeunes revenus de la guerre qui ressentaient la nécessité de trouver un groupe humain capable de les défendre, de faire opposition résolue à la guerre et d’ouvrir la voie a une société de justice. C’est ainsi qu’ils se rassemblèrent nombreux au sein de 1 ’ ARAC.
Dans les premières années de sa création l’ARAC, en tant qu’association d’anciens combattants, défendait les revendications matérielles des anciens combattants et victimes de guerre. Elle prit une part importante à l’action pour obtenir la reconnaissance des droits des anciens combattants et victimes de guerre qui se concrétisa par la loi du 31 mars 1919 votée unanimement par le Parlement, qualifiée à juste titre de Charte du Combattant. Depuis, l’ARAC n’a pas cessé d’agir pour sa défense et son extension. Mais, elle attachait aussi une grande importance à ce que les anciens combattants appelaient au départ leurs « revendications politiques » : la lutte contre la guerre et contre la politique qui avait engendré le cataclysme de 1914-1918.
Contre la guerre et pour la sauvegarde de la paix, c’était d’abord lutter au lendemain de la guerre contre le surarmement. Quant à la lutte sociale, Henri Barbusse l’évoquait ainsi lors du 1er congrès de l’ARAC en 1919 à Lyon : « L’ARAC fait de la politique parce qu’elle estime que les revendications spéciales, individuelles de ses membres ne peuvent être définitivement consacrées que par un ordre social effectivement démocratique et aussi parce qu’elle pense que l’autorité morale des survivants de la guerre est une force qu’il convient d’utiliser en vue du bien public ».
L’ARAC poursuivit son action dans ces voies. Elle combattait la guerre coloniale du Rif (Maroc), elle combattit les ligues factieuses en 1934, elle participa à la défense de l’Espagne républicaine, ses membres se retrouvèrent maquisards ou résistants durant la guerre 1939¬1945, elle combattait les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie tout en continuant sa lutte pour un ordre démocratique.
Au long des 90 ans qui se sont écoulés depuis sa création, l’ARAC est restée fidèle aux engagements de ses fondateurs qui avaient compris quels seraient les combats qu’eux-mêmes et leurs successeurs allaient devoir mener. Sans conteste, faire « la guerre à la guerre » constitua l’un des premiers soucis de l’ARAC à ses débuts avec les droits des anciens combattants et il l’est resté par la suite. De même, l’action antifasciste dont Henri Bar¬busse démontra la nécessité par une analyse approfondie parue dans un journal japonais en 1926 et qu’il concrétisa ensuite par le grand congrès pour la paix et contre le fascisme à Amsterdam et la mise sur pied, avec l’écrivain Romain Rolland, et du Mouvement Amsterdam Pleyel.
Aujourd’hui, en ce 90e anniversaire, l’ARAC est placée devant de grandes responsabilités que l’on peut ainsi définir :